Télécharger le livret découverte de la visite du village : Visite du village
REMPARTS, TOUR DE GUET, PORTAIL MEUNIER
Sur le modèle de la plupart des villages médiévaux, Monieux s’est doté, au XIIe siècle, d’une enceinte fortifiée. Prenant en compte la configuration particulière du village, étagé sur le flanc de la falaise qui le surplombe, les remparts ne forment pas un cercle enserrant l’agglomération mais une sorte de collier dont les deux extrémités rejoignent chacun des côtés de la falaise. Trois portes, percées dans le rempart, permettaient les échanges avec l’extérieur. Deux d’entre elles ont disparu : l’une, le Portalet, était située devant l’église Saint-Pierre, l’autre, à peu près au milieu du village, au départ du Chemin Romain. Seule la troisième, le Portail Meunier, à l’extrémité sud-ouest du village, subsiste à l’heure actuelle.
A quelques mètres de celui-ci, au-delà de la grande croix en bois qui en marque l’entrée, on peut encore découvrir, creusée dans le rempart, une meurtrière.
Ce système de défense était complété par une tour de guet, située au sommet de la falaise et dont il reste une ruine encore assez imposante bien qu’elle ait perdu, avec le temps, la moitié environ de sa hauteur d’origine. Ce donjon faisait partie d’un réseau de tours destiné à protéger le val de Sault et dont il existe encore plusieurs vestiges, le plus proche étant celui de Saint-Jean-de-Sault dont on peut distinguer la silhouette sur la colline, depuis le village de Monieux.
EGLISE ET CHAPELLES
Eglise Saint-Pierre
Curieusement située à l’extérieur des remparts, la charmante église Saint-Pierre a été édifiée au XIIe siècle. Au fil du temps, l’abside initiale a disparu et divers ajouts et modifications (surélévation du sol, construction de chapelles latérales aux XVIIe et XVIIIe siècles, etc…) ont transformé l’église originelle mais le chœur surplombé d’une élégante coupole octogonale sur trompes témoigne encore de l’époque romane. Humble et touchante dans sa simplicité, elle est perçue par ses visiteurs comme un havre de paix qui invite à la douceur et au recueillement.
Chapelle Saint-Roch
Edifiée en l’honneur du saint invoqué lors des épidémies, la chapelle que l’on peut voir au milieu des cèdres sur le Défens de Monieux, face au village, fut bâtie en 1852 sur l’emplacement d’une plus ancienne, construite après la peste de 1629, agrandie et restaurée lors de celle de 1720 et détruite pendant la Révolution. Chaque année, le 2ème dimanche d’août, elle a fait l’objet d’un pèlerinage auquel participaient les habitants de Monieux.
De nos jours, les bénévoles de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de Monieux « Anesca » ont entièrement restauré cet édifice.
Chapelle Saint-Michel-de-la-Nesque
Nichée au fond des Gorges de la Nesque, à l’abri d’une grandiose masse rocheuse, cette chapelle rupestre d’origine romane (mais remaniée au cours des siècles et notamment en 1643 comme en témoigne la pierre gravée du porche d’entrée), faisait encore, avant-guerre, l’objet d’un pèlerinage le jour de son saint patron. Elle est bien émouvante, blottie au creux de son rocher au fond du ravin, et devant les quelques ruines qui subsistent d’elle, on a peine à imaginer qu’elle fut dépendante du prestigieux Prieuré de Montmajour et qu’une cavité voisine de la même roche abritait, jusqu’au milieu du XIXe siècle, un ermitage.
Chapelle Saint-André
Aussi haut perchée que la Chapelle Saint-Michel-de-la-Nesque est enfoncée dans les Gorges, elle aussi d’époque romane et en ruine, la Chapelle Saint-André semble se consoler des outrages du temps en dominant sereinement le village et le Val de Sault. Bâtie sur le roc près de la tour de guet qui surplombe Monieux, elle était encore en activité avant la dernière guerre mondiale. Sa visite se mérite mais la vue qu’elle offre, au sommet de la falaise, sur Sault, la vallée et les collines environnantes jusqu’à la Montagne de Lure dédommage largement des efforts –ou du plaisir- de la montée.
Chapelle Notre-Dame de la Consolation
Appelée à tort Notre-Dame-des-Abeilles, cette chapelle n’a rien à voir avec un quelconque culte lié aux hyménoptères. Le mot abeïe désignait en fait les troupeaux que les bergers regroupaient à cet endroit et qu’ils y faisaient bénir avant de partir en transhumance. Le hameau situé dans ce lieu en a conservé le nom sinon l’orthographe. On ne connaît pas la date de construction de la chapelle : elle est citée au XVIIe siècle ; on sait qu’elle fut restaurée au début du XVIIIe ; c’est à peu près tout. Sa particularité est d’être complètement aveugle, sa seule ouverture étant la porte d’entrée. Chaque année, le 15 août, un office est célébré dans la chapelle en mémoire du curé des Abeilles, Joseph Thouard (1825-1888), qui soignait gratuitement les malades et avait inventé un élixir fameux.
LES CROIX ET LES ORATOIRES
Les croix qui ponctuaient les processions jusqu’à l’église paroissiale sont au nombre de trois. L’une, en bois, est visible au Portail Meunier, une autre, en fer forgé, est située au bas du village, au-dessus de la Fontaine du Moulin et la troisième monte la garde à l’entrée nord-est de Monieux, au pied d’un magnifique marronnier.
Deux autres oratoires en forme de chapelles, dons de Moniliens, ont été érigés, l’un au lieu-dit l’Oratoire précisément, et dédié à la Sainte Vierge (1858), l’autre au cœur du village, en bas du chemin qui grimpe à la tour de guet et qui est dédié à Saint-Antoine-de-Padoue (1948).
FONTAINES
La plus ancienne des deux fontaines de Monieux, celle dite « du Moulin », est située au bas du village, au bord de la Nesque. Elle est alimentée par une source et l’on y accède par le bien-nommé Chemin de la Fontaine. Elle possède un lavoir où, jusqu’au XIXe siècle, les femmes entourées de leur marmaille piaillante maniaient le battoir dans les rires et les échanges de nouvelles.
Mais cette fontaine étant excentrée par rapport à l’agglomération, le chemin était rude pour remonter au village avec son chargement d’eau. C’est pourquoi, en 1905, Léon Doux, maire de Monieux et directeur du prestigieux théâtre de l’Alcazar à Marseille, décide de doter sa commune d’un point d’eau au centre du village. Il fait faire des recherches par un sourcier, entreprend les travaux de captation de la source et fait construire, sur la place du village, la fontaine qui porte son nom. Pour couronner celle-ci et rendre hommage à la Nesque (Anesca en provençal), il commande au sculpteur Pérosi une statue en bronze représentant une allégorie d’Anesca sous la forme d’une jeune fille portant une cruche et une brassée d’épis. La fontaine fut inaugurée dans la liesse générale le 27 août 1905 et Anesca, petit bijou de style Art Nouveau, trône depuis lors sur la place du village et les Moniliens en sont très fiers.
Au cours de la dernière guerre mondiale, Anesca a bien failli disparaître pour servir de métal à canon. Heureusement, grâce aux habitants du village, elle put être sauvée et, cachée dans une grotte des Gorges jusqu’à la fin des hostilités, retrouva, à la Libération, son piédestal.
MUR DE LA PESTE
En juillet 1720, la peste se déclare au sud de la Provence. Face à la menace d’extension de l’épidémie, les villages des Monts de Vaucluse décident d’unir leurs efforts et de construire, entre Lagnes et Monieux, un mur en pierres sèches d’une vingtaine de kilomètres de long sur deux mètres de haut. La muraille, pourvue de guérites et de corps de garde abritant les soldats chargés de la surveillance, était destinée à contrôler les passages pour éviter la propagation de la maladie vers le nord. Chaque village dut fournir des hommes et du matériel pour travailler au mur et en assurer la garde. Le résultat fut positif car, grâce aux mesures prises et à la protection naturelle du relief, l’épidémie épargna, dans l’ensemble, les zones protégées.
Une partie de la muraille, restaurée, est maintenant accessible aux promeneurs. Sur la commune de Monieux, on peut en voir des vestiges à proximité de la Ferme Saint-Hubert.
LES AIGUIERS
Ces bassins creusés par l’homme dans la roche étaient destinés à recueillir l’eau de pluie et servaient d’abreuvoirs aux troupeaux. A proximité des fermes, ils avaient également un usage domestique (hygiène, lessive, arrosage du potager). Certains se présentent comme de simples cavités à ciel ouvert. D’autres, très élaborés, possèdent un impluvium en amont et plusieurs bassins ou sont protégés par une voûte en pierres sèches servant de « condensateur de rosée ». La plupart des aiguiers inventoriés dans les Monts de Vaucluse datent des XVIIIe et XIXe siècles mais on en réalisait encore au début du XXe.
Un grand nombre d’aiguiers sont visibles sur tout le plateau. A Monieux, on en trouvera des exemples intéressants au Champ de Sicaude, à la Ferme de Lausemolan et à la Combe de Puits Verrier.
LA FERME DE LAUSEMOLAN
La Ferme de Lausemolan a été édifiée à la fin du XVIe siècle. Superbe exemple de mas typique de l’architecture rurale provençale, isolé dans la montagne à près de 900 m d’altitude, il vivait d’élevage et de cultures diverses. Abandonné après la première guerre mondiale, il n’en reste à présent que des ruines mais on peut encore voir, autour d’une cour centrale, l’habitation des fermiers, diverses dépendances, des étables, deux citernes, un four à pain, un aiguier et l’enclos entouré de pierres sèches qui gardait chèvres et brebis.
A proximité, on peut également admirer un bel ensemble d’aiguiers et, au bord du chemin de retour vers la Ferme Saint-Hubert, un reste de charbonnière
LA FERME SAINT-HUBERT
Construite au XVIIIe siècle, la Ferme Saint-Hubert était à l’origine un pavillon de chasse du Château de Javon voisin, d’où son nom. Avec le temps, la chasse a laissé place aux activités agricoles et, celles-ci à leur tour abandonnées.
LE SITE ARCHEOLOGIQUE DU BAU DE L’AUBESIER
On sait depuis longtemps que plusieurs abris sous roche des Gorges de la Nesque étaient occupés dès l’époque préhistorique. Celui du Bau de l’Aubesier, redécouvert au XIXe siècle, atteste de la présence sur une longue durée de groupes humains qui trouvaient là, à la fois un approvisionnement en silex pour leurs outils et un environnement favorable à leur subsistance. Reconnu comme l’un des plus importants gisements du paléolithique moyen (300.000 ans à 35.000 ans avant J.C.) en Provence, ce site fait l’objet de fouilles archéologiques méthodiques depuis une vingtaine d’années. Celles-ci, menées par une compétente équipe canadienne, ont permis d’exhumer des outils et vestiges de la période de l’Homme de Néandertal. Afin de ne pas nuire au travail des équipes d’archéologues, ce site ne se visite pas.